Le Blog du Hacker fête ses 10 ans ! Voici son histoire…

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Nous sommes le 25 mars 2013, 18h41. L’histoire de ce blog commence, je viens d’enregistrer le nom de domaine « leblogduhacker.fr » chez OVH. Ça y est ! j’ai mon propre site pour parler de ma passion. Une formidable aventure commence pour moi. Alors enfermé dans ma chambre chez mes parents, je ne me doute pas que j’écrirai cet article 10 ans plus tard. À vrai dire, j’ai toujours préféré « faire puis réfléchir ». Commencer sans attendre, puis voir en chemin où tout cela me mènera.

Aujourd’hui je vois où cela m’a mené. L’occasion d’écrire mon histoire et celle de ce blog, jamais racontée auparavant.

Le livre mystérieux…

Le 25 mars 2013 n’est pas la date où tout a commencé pour moi.

Tout a commencé bien avant, dès 2007. Je faisais un mini chantage à mes parents, car j’avais commandé pour Noël soit un téléphone LG, soit un ordinateur portable.

Mais dans ma tête j’avais fait mon choix.

Le téléphone avait la fonctionnalité « slow motion » permettant de filmer en ralenti. J’étais obnubilé par cette fonctionnalité. Je voulais donc le téléphone !

En le comparant au tarif de l’ordinateur, le Père Noël (😉) aurait sans doute préférer m’offrir le téléphone moins onéreux, n’est-ce pas ? Mais il se trouve qu’il m’a offert l’ordinateur portable quand même. Presque déçu sur le coup, j’ai très vite compris que c’était pourtant le meilleur choix.

Mais que faire avec un ordinateur tout neuf ? J’ai vécu ce moment où l’on se retrouve sur la page d’accueil de Google et que l’on se demande ce que l’on va bien pouvoir chercher sur Internet. « Vidéos insolites » ! « Jeux en ligne gratuit » ! Hmm… non, apparemment il faut d’abord installer un « antivirus » ?

Alors cherchons « antivirus gratuit »…

Mais attendez, pourquoi l’antivirus et le pare-feu sont obligatoires et pas les autres logiciels ? Qui a décidé de ça ? Pourquoi ce n’est pas fait par défaut et pourquoi des virus ?

Par coïncidence, je lis durant cette période un magazine du type « hacker news » comme je le relatais dans ma page de bienvenue.

Il ressemblait à ceci :

Dès la couverture, il y avait un vrai clivage entre le côté méfiant, préventif (et surtout naïf) de l’internaute lambda que j’étais, et le côté « hacker » cité dans le magazine qui lui promettait plutôt de « créer des virus », de « tout télécharger gratuitement » ou encore « d’espionner à distance ».

Jamais aucun magazine n’avait autant piqué ma curiosité ! Autant un magazine auto, brico ou eco, on comprend le principe. Mais un magazine qui parle de piratage, c’est légal ça ??? Rien que le lire donnait la sensation de faire quelque chose d’interdit.

C’est à ce moment-là que j’ai compris que sans disposer d’une source de savoir, personne ne sait rien sur ce sujet. Ni la famille, ni les amis, ni la TV et encore moins l’école. J’étais parti pour apprendre seul, grâce à ce livre. Qui aura finalement été mon point d’entrée dans le domaine. Je n’avais cependant pas cherché à lire les autres numéros de ce magazine. Non seulement car j’avais accès à Internet mais sans doute aussi par ce côté « interdit » qui en ressortait. Je me voyais en effet mal demander à mes parents des magazines de « piratage » pour le prochain Noël…

Pourtant, savoir ce que les autres ne savent pas lorsqu’on est ado, c’est plutôt fun. Certes mes camarades étaient peut-être bons en maths, en allemand ou en histoire… mais moi j’avais décidé d’être bon en « hacking ».

Et me voilà à naviguer de sites en forum pendant des années, pour apprendre encore et toujours. Souvent c’était en anglais (nous sommes à ce moment avant les années 2010 et peu de contenu public sur le sujet existe en français).

J’ai commencé par me focaliser sur les virus informatiques. J’avais enfin compris ce que cela signifiait concrètement d’attraper « un virus ». J’ai même créé mes propres (faux) virus, dits « Batch ». Il s’agit d’instructions dans un simple fichier texte « .bat » qui s’exécutent lors du double clic. Forcément cela me faisait rire lorsque mes potes cliquaient dessus et que mon « virus » ouvrait 10 bloc-notes d’un coup 😂 Ils pensaient être infectés et que j’étais une sorte de génie hacker, alors que techniquement j’avais écrit 10 fois à la suite start notepad.exe.

L’Université, le déclic

On arrive au début des années 2010, me voilà à l’Université. Cela parce que ma demande pour un DUT informatique avait été refusée. La lettre de refus indiquait que mes notes en maths au lycée étaient trop mauvaises pour prétendre à un DUT.

Du coup, tenez-vous bien, je suis allé en FAC de MATHS-informatique. Oui vous avez bien lu. Le nul en maths est allé en FAC de maths, parce que c’était le dernier choix sur ma liste « admission post bac » et que je n’avais pas 6500€ à débourser pour une école privée d’informatique.

Selon moi, cette FAC c’était 80% de maths, 10% d’informatique et 10% pour le reste. Je ne voulais pas faire du Ocaml, ni de l’algorithmique, ni de l’analyse matricielle, ni de l’algèbre linéaire, et encore moins de la physique des fluides ?! « C’est quoi ce programme ?! »

Je vous raconte une anecdote en passant : l’un des enseignants à la FAC, qui semblait fâché pour une raison que j’ignore pendant un événement portes ouvertes, me disait sur un ton ferme « L’informatique C’EST PAS Facebook !!! faut pas venir là pour ça !!🤬 ».

Mais j’avais rien dit moi…? et puis pourquoi pas Facebook ? 🙄 N’était-ce pas un modèle d’entreprise tech à succès ? N’y a-t-il pas de code et donc de l’informatique derrière tout ça ? J’ai jamais osé demandé. Pour le contexte on était en 2008/2009, la mode des réseaux sociaux commençait, tout le monde ou presque parlait en bien de Facebook à ce moment.

Mais j’ai vite compris qu’effectivement l’algèbre linéaire qu’il enseignant « c’était pas Facebook ».

Navré Monsieur, mais c’était pas non plus de l’informatique, pour MOI.

Ne me demandez pas ce que ça signifie, je ne sais toujours pas et pourtant j’en ai écrit plus que des lignes de code.

Vous l’avez compris, l’Université n’était pas ma tasse de thé.

Je ne dis pas que j’avais raison d’ignorer les maths, ni que mes enseignants ou mes cours étaient mauvais. L’Université est utile et apporte beaucoup de compétences fondamentales transverses (gestion du temps, du stress, travail en équipe, méthodes d’apprentissage, il y avait même de la programmation à un moment donné !).

Et les maths sont utiles dans certaines disciplines de l’informatique, on est d’accord. Mais j’étais là-bas « par défaut », pas par vrai choix. Et cela a sans doute forgé mon esprit critique et mon envie de faire les choses « autrement« . Un état d’esprit qu’on va lier, pour me rassurer, à celui des hackers (🙄 ?)

Mais officiellement être « hacker » ce n’est pas un métier, « il faut un diplôme pour avoir un bon travail » me répétait-on. Et donc mon métier ciblé par défaut (encore) devenait « ingénieur informatique » comme la plupart des étudiants. (C’est quoi ingénieur ? aucune idée mais c’était le seul choix sur la brochure de l’onisep…)

Mais attendez une minute ? Pourquoi le métier de « hacker » n’existe pas ? Je veux dire de « gentil hacker » ? Celui qui aide à se défendre en se mettant dans la peau des vrais pirates. Le côté sombre c’est marrant deux secondes, et ça paie surement bien… mais pour aller en prison ensuite c’est moyen 😏. Dois-je vraiment faire un métier « par défaut » lui-aussi ? Pourquoi je rentre dans aucune case ? Mais quel cassos.

À propos du « côté sombre », je fréquentais des forums de hacking durant cette période. Sans jamais être officiellement avouée, l’idée était souvent de pirater les autres, pas de se protéger, il ne fallait pas que je me voile la face. Je n’avais aucun contrôle sur le site ni sur les membres. Les modérateurs changeaient souvent et/ou supprimaient ce qu’ils voulaient, le site lui-même se faisait pirater… bref. Tout cela était très peu stable sur le long terme pour un passionné par le sujet. Je devais faire mon propre site pour publier mon propre contenu sous ma responsabilité.

Rajoutons à cela le fait à ce moment de me sentir nul, pas à ma place, rejetant la société, les mondanités et la bien-pensance. Et me voici à chercher comment vivre de mon activité sur Internet. Ce n’est pas gagner de l’argent en tant que tel que je cherchais. Mais la liberté de faire autrement. Je n’avais pas le choix. Si mon parcours avait été parfaitement aligné avec mes objectifs, j’en n’aurais pas été là… je fais donc ça presque par dépit… Je devais gagner de l’argent pour pouvoir continuer à faire ce que j’aimais vraiment sans avoir besoin de suivre des cours qu’on m’impose, et sortir de cette boucle de choix par défaut…

J’avais déjà redoublé 2 ans en licence, je me disais que je n’y arriverais peut-être jamais avec les maths et m’interrogeais sur mon futur métier. N’avais-je pas perdu mon temps pour rien ? Était-ce déjà trop tard pour faire autre chose ? Il me fallait une échappatoire maintenant, un plan B au cas où.

Entre 2011 et 2013 j’ai ainsi créé un blog gratuit sur le hacking, par pure passion et en parallèle de mes études. Mais hormis des visites je n’avais pas grand-chose. Je n’étais suis pas libre avec ça et je ne pouvais rien personnaliser sans payer… Je devais continuer de suivre les cours pour trouver plus tard un travail…

J’ai donc eu envie de lancer ma propre micro-entreprise. Mais comment ? personne ne faisait ça dans le coin… Et dans quel domaine ? Le hacking ? je n’avais rien à vendre. Les jeux vidéos ? Malgré mon niveau de noob, je voulais lancer un site sur Team Fortress 2 comme j’y jouais quotidiennement. Je voulais ainsi mettre en ligne et vendre un guide pour devenir pro (lol. 😅). Ça me ferait un mini business pour pouvoir continuer mon blog de hacking tranquillement à côté ?

Ni ce guide ni même ledit site n’auront vu le jour. Je ne savais pas quoi faire, ni par où commencer.

Je tombe ainsi sur le blog d’Olivier Roland. Olivier expliquait qu’il était possible de vivre de son blog, et donnait des témoignages comme celui d’un certain « Roy » qui aurait gagné 7000€ en montrant comment apprendre à dessiner. Wow… « surement une arnaque » en lisant le titre. Mais en continuant ma lecture, je me disais que c’était peut-être possible après tout et qu’il suffirait d’essayer au moins ? En plus Olivier répétait qu’il fallait parler de sa passion avant tout.

Comme si le thème semblait évident pour moi…

Un blog sur le « hacking » ?

Me voilà en train de sécher mes cours de maths. Une fois n’est pas coutume 🤭, je suis dans la salle informatique adjacente à celle de mes camarades qui font des développements limités.

La Fac de maths-info en une image

C’est décidé, moi je crée mon site. Nous y voilà donc, nous sommes en mars 2013 et j’enregistre mon propre nom de domaine (celui que vous voyez dans la barre d’adresse) que j’héberge sur le serveur déjà acquis auparavant pour mon projet de guide de jeu vidéo. Au moins qu’il serve à quelque chose… Les premiers articles du blog seront donc écrits à l’Université, « pendant » mes cours de maths…

Mais tout un monde se découvre et de grosses difficultés se posent rapidement : faire un (vrai) blog ce n’est pas juste écrire des articles. Il faut faire le design, faire de la publicité, répondre aux commentaires, installer/coder les fonctionnalités nécessaires, sécuriser le tout et j’en passe beaucoup. Même avant tout cela, il faut installer un serveur dédié (j’y tenais) donc installer un serveur mail, un serveur web, le pare-feu, les sauvegardes et déboguer tout cela H24 quand on est autodidacte.

Alors ok la FAC « c’est pas Facebook », mais apparemment tout ça n’était pas dans le programme non plus ? (🤐)

Attendez, j’oubliais les démarches administratives :

  • contacter une juriste pour savoir si mon projet et viable (c’était « non » sans business plan 😵)
  • trouver le code APE de l’entreprise (il n’y avait pas « hacking », ni « blog », ni « guide numérique », alors j’ai fini avec « portail internet » 🥴…)
  • contacter le centre des impôts pour la gestion de la micro (on m’a dit « si vous vendez du p*rno c’est pas le même taux de TVA », euh… ok 🤯)

Chacune de ces étapes impliquant évidemment d’autres démarches sous-jacentes (retraite complémentaire ? RSI ? URSAFF ? comptable ? 😖).

Voici la photo de mon bureau que j’avais prise pour l’illustration avant/après création de la micro entreprise :

Aïe, c’est bien de vouloir faire autrement et d’essayer d’être « libre » 😖. Mais là c’était raté ! c’était à l’inverse une tonne de boulot que je m’imposais. Que des difficultés, des problèmes, des refus, et le con que j’étais fonce quand même. Heureusement que je ne savais pas par avance qu’il y avait tout cela à venir, sinon je n’aurais peut-être pas osé… L’avantage finalement de « faire d’abord puis réfléchir ensuite » ?

Mais bon, mes premiers articles sont publiés, Korben en personne retweete un de mes articles et je reçois les premières visites !

Tout va bien, sauf que mon site respire un peu le côté sombre, tout en noir et rouge, avec des titres parfois un peu osés.

Je me souviens à ce propos avoir reçu mon premier « hater » le soir de la Saint Sylvestre en 2013. Mon article « comment avoir 1000 J’aime en un jour sur Facebook » ne lui plaisait pas. C’était, en résumant son message, « putaclic, pas du hacking, juste pour l’argent, un blog de lamer pour Kevin, vas étudier pov c**, tu sors de nulle part ».

Il m’avait cassé le moral pour le jour le plus festif de l’année, je ressassais ses insultes dans ma tête toute la soirée… Mais c’était probablement mérité… c’était un tuto pompé sur un site américain que je n’assumais pas forcément. Je m’en vois d’ailleurs désolé si certains articles ont été choquants, mal écrits et/ou inutiles. Je n’ai jamais eu pour but de piéger le lecteur et j’ai toujours prôné le côté éthique du hacking et de toute mon activité.

J’ai pris 2 heures à lui répondre point par point dans un gros mail (resté à tout jamais sans réponses) alors que les invités étaient déjà arrivés pour dîner. Le tout en m’excusant à moitié et en me justifiant. Bref, cela pour dire qu’il n’y avait pas de jours fériés ni de weekends pour moi. Même quand il suffisait d’ignorer et de passer à autre chose, je répondais et mon blog passait littéralement avant tout.

À l’Université, j’essayais tous les jours de manger un sandwich devant mon écran d’un salle informatique, quel gain de temps ! Mon emploi du temps c’était Maths de 9h à 11h, puis plus rien autour de midi, et enfin Maths de 15h à 17h. Je n’avais pas de train pour rentrer et revenir entre temps donc j’étais un peu coincé à rien faire.

Oh non, attendez ! N’avais-je pas là beaucoup de temps à passer pour mon blog ! C’est quand même fou d’aller à l’Université pour apprendre l’informatique et finalement de l’apprendre en autodidacte tout en séchant les cours… Mais d’accord…, je le répète, je prends sur moi, il fallait mieux choisir mes vœux à la base… je n’en veux pas à l’Université ou au système. Les autres n’avaient apparemment pas de soucis avec les maths et étaient bien contents de les apprendre.

Mais moi je devais absolument essayer d’obtenir au moins 10/20 pour valider mon diplôme, « donc avoir un travail plus tard au cas où »… Le plan B nécessitant un plan A d’abord… J’avais même passé un semestre avec 9,75/20, arrondi à 10/20 par le jury (ils ont dû se dire que sinon je ne passerais jamais, merci à eux). Donc mon objectif était d’avoir au moins 9,75/20 ! Ptet même 9,749 en arrondissant ? Du coup 9,746 ça passe encore ? Oui, j’en étais vraiment arrivé là.

Pour l’anecdote, j’ai ensuite contacté Olivier Roland qui proposait des échanges de liens entre son blog et celui de ses visiteurs. J’ai voulu publier sur son site un article sur la sécurité WordPress (celui-ci). Mais il m’a gentiment expliqué que cela ne serait pas possible, ma proposition était « trop technique pour ses lecteurs ». J’étais attristé, mais je comprends aujourd’hui que le grand public n’était pas forcément intéressé par un tel sujet. Et d’autre part que recevoir un message d’un jeune qui s’appelle « Michel » et qui vient de créer Le blog du « hacker » 😓 tout en noir avec un logo moche peut paraître surprenant.

Mon tout premier logo fait sous Paint avec passion.

S’en suivent de longs mois où je rédige du contenu tout en apprenant. Je dévore tout : failles web, failles réseau, failles systèmes, ingénierie sociale, programmation… Plus on je faisais face à des échecs, plus je voulais apprendre et me focaliser.

Je cherchais des cours d’Université pour les « BAC+5 » pour être sûr d’avoir du contenu avancé et de qualité. J’apprenais l’anglais juste pour lire des sites américains sur le hacking. Je passais mon temps à la bibliothèque pour lire tous les livres sur le sujet. Bref je voulais TOUT savoir quitte à exploser. Oui M. Hater je « sors de nulle part », mais je suis déterminé comme jamais quitte à en crever. Tout apprendre pour pouvoir ensuite devenir une référence et aider les autres, tel était mon but. Et tel il l’est encore aujourd’hui. Sans plan ni rien, mon école c’est Internet, le patron c’est moi, le comptable c’est moi, l’administrateur système c’est moi. Je prends tout ce que je vois et j’avale tout. Personne ne sait trop m’aider, alors je vais m’aider moi-même. J’ai des vraies ambitions, enfin ! Et surtout beaaacouuup de boulot.

Tout vient à point à qui sait … ?

Attendre. Voilà ce qui semble être la voie que j’ai choisie. Attendre d’avoir des visites, attendre de gagner en visibilité, et finalement attendre de gagner de l’argent pour pouvoir continuer ainsi sur le long terme ? Et hormis les pubs Google qui me rapportent 8 euros par mois, je n’ai encore rien et cela fait déjà 9 mois.

C’est sans compter le formidable support de certains camarades : « alors ça gagne ton site ? 😁 », « tu arrives à t’en sortir ? 🤐 », « alors ça va le ‘hacker’ ? 🤣🤣 ». Je leur avais rien fait alors pourquoi tout le monde semblait contre moi ? Sûrement parce que vu de l’extérieur ça semblait tellement nul… regardez le nom du site, quoi…

Attendre donc, mais aussi résister pendant ce temps. Car en plus de tout le poids que je me suis mis sur le dos, il fallait être mentalement solide pour affronter le manque de considération de certaines personnes ou les attaques directes. Un jour on m’a demandé de tout arrêter sous peine de me signaler à toutes les communautés hacking francophone (paroles de concurrent). L’autre jour de tout arrêter car c’est très risqué (paroles d’avocat). Ou encore de tout arrêter parce que le savoir doit rester caché et réservé à l’élite (parole de pirate qui cherchait une raison pour lancer son DDOS).

Curieusement, c’est ce qui m’aura forgé. Plus je recevais de coup plus je voulais continuer et m’améliorer. Et puis au plus profond de moi-même je me suis toujours dit : pourquoi arrêter quelque chose que je poursuis légitimement ? J’ai tenu une éthique depuis le jour 1 sans flancher. Je n’ai aidé absolument personne à pirater (au grand dam de certains) et je n’ai arnaqué personne. Je ne suis pas anonyme, je ne suis pas payé en Bitcoin pour des services obscurs et ce n’est pas le Dark net ici…

Arrêter tout serait donc me dire que je fais quelque chose d’illégal ou de malsain.

Bien heureusement j’ai eu beaucoup plus de messages positifs tout de même, de l’aide pour écrire du contenu, corriger des choses ou faire connaître le blog. J’ai noué des véritables amitiés avec d’anciens « visiteurs ». L’idée n’est donc pas de dire que tout allait mal, loin de là. Et jamais je ne regretterai d’avoir commencé ce blog.

Mon regret sera tout de même d’avoir choisi un tel titre de blog de par la connotation du terme « hacker » et de par l’aspect prétentieux qui peut en découler. Peut-être même que cela explique en partie les moqueries et les attaques que je citais. Je disais que je suis du type à « faire d’abord puis réfléchir ensuite ». Eh bien tout le nom de ce site repose sur ce principe.

Pour continuer l’histoire, je décide enfin d’écrire mon premier guide numérique en fin d’année 2013 : « Protéger son ordinateur et sa vie privée ». Guide dans lequel je me base sur mon apprentissage des « techniques de pirates » pour aider le lecteur à sécuriser correctement son ordinateur. Mon mot d’ordre : aller bien plus loin que la recommandation classique selon laquelle il faut installer un antivirus et un pare-feu. Je passe des mois à l’écrire, toujours pendant que je séchais les cours et pendant les weekend. Je ne savais pas quel prix mettre, mais plutôt un prix bas pour éviter de trop décevoir si jamais ça ne plaisait pas ? 19€ ? ou plutôt 15€ ? J’aurais même dit « gratuit » mais comment vais-je payer le serveur, le nom de domaine, l’abonnement de train, le resto universitaire, etc. J’ai moi-aussi des choses à payer.

Décembre 2013, ma première vente ! Une certaine Patricia achète mon guide. Je gagne 14€ 🤑. Je n’avais même pas osé mettre 15€ mais c’est déjà plus que ce que je gagnais avant en un mois avec les pubs Google. Wow, incroyable ce mail de Paypal qui notifie d’un paiement reçu. Patricia, si vous me lisez aujourd’hui, je vous dédicace cet article.

Couverture de mon guide en 2014

S’en suivront d’autres guides au fil des années : nettoyage pc, anonymat, programmation, hacking éthique. Je les ai vendu jusqu’à atteindre un SMIC mensuel, 4 ans après le création du blog. Au delà du SMIC, l’objectif c’était de donner du contenu de qualité. Tout ce qui était auparavant réservé à une « élite », tout ce que j’ai appris depuis des années, je le mets au grand jour. Ma différence étant d’aider le plus grand nombre par la vulgarisation des techniques employées contre tous. J’en vie donc…presque, car d’une part ce n’est pas un montant énorme et surtout ce n’est pas stable au fil des mois…

À ce moment je suis en master d’informatique et en stage de fin d’étude chez Capgemini où j’ai candidaté pour un poste de « développeur .NET » un peu par défaut (oui…décidément). Mais c’était le plus proche de ce que j’aimais faire. Poste finalement converti en consultant sécurité dès l’entretien car ma passion dégoulinait de mes pores. Mon stage s’est très bien passé et j’en garderai un excellent souvenir. Car je bossais dans la cybersécurité les ami(e)s ! 😎.

J’apprenais le métier de consultant, la vie en entreprise, et ça me plaisait vraiment. J’en garde d’ailleurs une anecdote curieuse, car mon manager m’avait dit à la fin qu’il avait l’impression que j’avais raté mon stage. Je ne comprenais pas pourquoi. Sans doute parce que le sujet initial avait été modifié et que je semblais ne pas être au bon endroit. Mais moi ça ne me dérangeait pas, au contraire j’étais marginal depuis des années.

Résultat, 19/20 au mémoire de stage, probablement la meilleure note jamais reçue de tout mon parcours universitaire. Et je crois que c’était aussi la meilleure note de la promo (?) Bah oui, je faisais enfin de la cybersécurité ! Je n’avais rien raté, j’avais des tâches que j’aimais !

Mais,… n’aurais-je finalement pas trouvé un travail qui me plaisait ? Est-ce que finalement mon plan A aurait fonctionné à la toute fin ? J’ai appris les maths pour pouvoir faire de la cybersécurité quand même ? Oui… on dirait bien… mais à ce moment… j’avais déjà bien entamé mon autre projet, mon fameux « plan B »… Et je ne pouvais plus abandonner ce que j’avais commencé.

Malgré les deux propositions d’emploi en CDI pour un poste de consultant, j’ai donc décidé de garder mon petit « SMIC » en tant qu’indépendant et partir sur le plan B quand même. Ou plutôt d’inverser les plans… maintenant j’essaie d’abord mon blog, et en plan B je ferais consultant cybersécurité.

Je voulais en effet la liberté de passer tout mon temps devant mon écran à faire ce que j’aime. Cela m’a plutôt fait sacrifier des weekends entre potes, des moments de détente, et j’en passe mais ma conception de la liberté est peut-être elle-aussi marginale ?

Au final ce blog et mon expérience m’ont apporté bien plus : la satisfaction d’avoir amélioré des vies entre piratages évités et conseils pour faire carrière dans le domaine. La satisfaction également de pouvoir écrire ces lignes 10 ans après. Et pourtant j’ai toujours ce sentiment de pouvoir faire plus et mieux. Ce besoin d’apprendre pour ne jamais me reposer sur des acquis.

Même si aujourd’hui les guides ne sont plus en vente, je continue à faire vivre ce blog car c’est devenu comme un enfant que je vois grandir. C’est devenu un espace qui a permis à beaucoup d’entre vous d’apprendre gratuitement le hacking éthique.

Aujourd’hui, Le Blog du Hacker c’est 19,9 millions de pages vues, 11,2 millions de visiteurs uniques, 388 articles et 20 693 commentaires dont 20 spams en cours de suppression. Cela en 10 ans. Et au delà de ces chiffres ce sont surtout les milliers de mails de personnes ravies d’avoir pu apprendre quelque chose qui me rendent fier. Je souris souvent devant mon écran en vous lisant même si ça ne se voit pas. Je suis content pour vous. Je suis content que vous le soyez en me lisant. J’ai d’une certaine manière fourni du contenu que j’aurais moi-même aimé lire il y a 10 ans.

J’ai passé des heures, jours, mois, années assis devant mon écran. Parfois plus de 11h par jour, à en avoir mal au dos. Mon parcours n’est pas un mode d’emploi, je ne suis finalement qu’un type borné qui a toujours voulu apprendre ce domaine et qui a toujours adoré l’enseigner. J’espère qu’il peut tout de même motiver celles et ceux qui sont dans des situations similaires : n’abandonnez jamais. Apprenez, réessayez s’il le faut et suivez votre passion, pas les ordres ou conseils de ceux qui vous veulent du mal.

Je suis depuis passé à Cyberini et aux formations cybersécurité dans cet objectif de pouvoir toujours mieux impacter positivement votre futur. L’idée est de prendre tout ce que j’ai appris, pratiqué et vécu depuis + de 10 ans et de le transposer de façon à ce que vous puissiez « aspirer mon cerveau » pour acquérir à votre tour les compétences dans le domaine, sans avoir à passer par le même chemin, les mêmes erreurs et problèmes. Car en regardant en arrière, je peux apercevoir des raccourcis et des bons conseils d’apprentissage. En effet, aujourd’hui les parcours universitaires ne sont pas beaucoup mieux adaptés. Et plein de mythes sur l’apprentissage ont la vie dure.

À vous qui me lisez aujourd’hui, merci d’être là. Merci de me suivre depuis ces années. Merci pour votre confiance.

Joyeux anniversaire Le Blog du Hacker.

Article publié initialement le 25 mars 2023, édité le 09/05/2024 (typos et précisions)

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